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histoire des croisades ; liv. ii.

veraient à l’avenir, passeraient sur son territoire sans aucun obstacle, et y pourraient acheter paisiblement toutes les choses nécessaires a la vie. Le roi conclut aussitôt un traite avec le duc, et tous les princes de son royaume s’engagèrent de même, par serment, à ne faire à l’avenir aucun tort aux pèlerins qui passeraient. Ces conventions ayant été acceptées et arrêtées de part et d’autre en toute sincérité, le roi demanda, d’après l’avis des siens, qu’on lui donnât en otage Baudouin, le frère du duc lui-même, avec sa femme et tous les gens de sa maison. Le duc promit de le faire sans aucune objection ; et, après huit jours d’attente, il expédia un message pour donner ordre de faire avancer toute l’armée vers le château de Ciperon, et de dresser les tentes sur les bords du fleuve et auprès du marais.

En recevant ces nouvelles de la part du duc, l’armée se livra à des transports de joie, et ceux qui naguère étaient inquiets de la longue absence du duc, craignant qu’il n’eût été traîtreusement attiré et mis a mort, se réjouirent infiniment et se ranimèrent comme s’ils se fussent éveillés d’un sommeil accablant. Conformément aux ordres qu’ils recevaient, ils se rendirent auprès du fleuve et du marais. Lorsque les tentes furent dressées, le duc revenant du royaume de Hongrie, et rendu aux siens, leur raconta les soins que le roi avait pris de lui, les honneurs qu’il avait reçus, le traité qu’il avait conclu avec le roi et ses princes, et leur dit que le roi lui avait demandé pour otages son frère Baudouin, ainsi que sa femme et les gens de sa maison, jusqu'à ce que le peuple eût traversé le royaume en silence et en paix ;