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albert d’aix.

humilité. Ensuite ils eurent entre eux divers entretiens pour rétablir la concorde et réconcilier les Chrétiens, et ils en vinrent à un tel point de bonne intelligence et d’amour, que le duc, se confiant en la bonne foi du roi, ne prit avec lui que douze de ses trois cents chevaliers et descendit avec eux et avec le roi en Pannonie, sur le territoire de Hongrie ; il laissa son frère Baudouin à Tollenbourg, le chargeant de gouverner son peuple et d’en prendre soin, et renvoya le surplus de ses trois cents chevaliers. Le duc étant donc entré en Pannonie, fut accueilli très-honorablement par le roi lui-même et ses principaux seigneurs ; on lui fit fournir avec bonté et en abondance, de la maison et de la table même du roi, toutes les choses nécessaires et dignes d’un homme si illustre. Ensuite le roi eut pendant huit jours plusieurs assemblées de ses seigneurs, qui accouraient pour voir un prince aussi renommé ; et il chercha avec eux par quel moyen et sur quel gage de foi, pour la sûreté de son royaume et des biens de tous les siens, il lui serait possible d’y introduire une armée si nombreuse et si bien équipée. Enfin on s’arrêta à un avis, et l’on déclara au duc que, s’il ne donnait pour otages des hommes illustres et les premiers de son armée, on ne pourrait accorder de passage ni a lui ni aux siens, de peur qu’à la première occasion le roi ne fût exposé à se voir enlever son territoire et son royaume par cette innombrable multitude d’étrangers. En recevant ce message, le duc acquiesça en tout point aux volontés du roi, et ne refusa pas de livrer des otages, sous la condition cependant que les armées de pèlerins, tant celle qui était présente que celles qui arri-