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albert d’aix.

rêter à Tollenbourg jusqu’à ce qu’ils apprennent de la bouche du roi pourquoi un si grand crime a été commis par des Chrétiens se faisant persécuteurs d’autres Chrétiens. » Le roi répondit, en présence de toute l’assemblée des siens : « Nous ne sommes point les persécuteurs des Chrétiens ; mais tout ce que nous avons montré de cruauté, tout ce que nous avons fait pour la ruine de ces gens, nous y avons été poussés par la plus dure nécessité. Nous avons donné toutes sortes de choses à votre première armée, celle qu’avait rassemblée Pierre l’Ermite ; nous lui avions accordé la faculté d’acheter en toute équité de poids et de mesure, et de traverser paisiblement le territoire de la Hongrie ; mais les gens de cette armée nous ont rendu le mal pour le bien : non seulement ils ont emporté de notre pays de l’or et de l’argent, et emmené avec eux des chevaux, des mulets et des bestiaux, mais encore ils ont renversé les villes et les châteaux ; ils ont mis à mort quatre mille hommes des nôtres ; ils leur ont enlevé leurs effets et leurs vêtemens. Après les innombrables offenses que nous ont faites si injustement les compagnons de Pierre, l’armée de Gottschalk, qui les a suivis de près, a assiégé notre château de Mersebourg, le boulevard de notre royaume, voulant, dans son orgueil impuissant, arriver jusqu’à nous pour nous punir et nous exterminer ; elle vient d’être détruite naguère et vous l’avez rencontrée fuyant en déroute ; mais ce n’est qu’avec peine et par le secours de Dieu que nous avons réussi à nous défendre. » Après cette réponse, le roi ordonna de traiter honorablement les députés du duc, de les