pélerins qui y étaient renfermés se trouvèrent ainsi délivrés des impies.
Il n’y avait pas long-temps que Pierre avait quitté les pays de l’Occident, lorsqu’un prêtre, nommé Gottschalk, né Teuton et habitant des bords du Rhin, échauffé par les discours de l’Ermite, et brûlant du desir d’entreprendre aussi le voyage de Jérusalem, entraîna, par ses paroles, un grand nombre d’hommes de diverses nations à suivre les mêmes voies. Il rassembla plus de quinze mille individus dans la Lorraine, la France orientale, la Bavière, le pays des Allemands, tant dans la classe des chevaliers que dans celle des gens de pied ; et tous ayant ramassé une immense quantité d’argent et toutes les choses nécessaires au voyage, se mirent en route et suivirent, dit-on, leur marche paisiblement jusque dans le royaume de Hongrie. Arrivés à la porte de Mersebourg et de la citadelle, et se présentant sous la protection du roi Coloman, ils y furent accueillis avec honneur. On leur accorda même la permission d’acheter toutes les choses nécessaires à la vie ; et, en vertu des ordres du roi, on conclut un traité avec eux pour prévenir tout mouvement désordonné dans une si grande armée. Ils y demeurèrent pendant quelques jours et commencèrent à vagabonder. Les Bavarois et les Souabes, hommes impétueux, et d’autres insensés encore, se livrèrent sans mesure aux excès de la boisson et en vinrent bientôt à enfreindre les conditions du traité ; d’abord ils enlevèrent aux Hongrois du vin, des grains et les autres choses dont ils avaient besoin ; puis ils allèrent prendre dans les champs des bœufs et des moutons pour les tuer ; ils tuèrent aussi ceux qui voulurent leur résister