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histoire des croisades ; liv. i.

n’étaient pas encore sortis de la forêt, se réunirent en un seul corps dans l’étroit sentier par lequel ils arrivaient pour défendre ce passage et fermer l’accès des montagnes : les deux premiers corps que les Turcs avaient séparés du reste de l’armée en s’élançant sur eux, ne pouvant retourner vers la forêt et les montagnes, dirigèrent leurs pas du côté de Nicée. Puis revenant tout à coup et poussant des cris terribles, ils se jetèrent de nouveau au milieu des Turcs ; et s’encourageant les uns les autres, tant chevaliers que gens de pied, ils tuèrent en un moment deux cents chevaliers turcs. Voyant alors que les chevaliers avaient pris l’avantage sur eux dans le combat, les Turcs s’attachèrent à blesser leurs chevaux à coups de flèches, et ceux qui les montaient, vigoureux athlètes du Christ, se trouvaient ainsi mis à pied.

Gautier Sans-Avoir succomba percé de sept flèches qui traversèrent sa cuirasse et pénétrèrent jusqu’à son cœur. Renaud de Bréis et Foulcher de Chartres, hommes très-renommés dans leur pays, trouvèrent le même martyre sous les coups des ennemis ; mais ils ne tombèrent point sans avoir fait éprouver aux Turcs de grandes pertes. Gautier de Breteuil, fils de Galeran, et Godefroi Burel, commandant en chef des gens de pied, parvinrent à s’enfuir à travers les buissons et les taillis, et rejoignirent toute l’armée dans l’étroit sentier où elle était réunie sans avoir combattu. Aussitôt qu’ils apprirent leur fuite et les malheurs qui venaient d’arriver, tous les pélerins se mirent aussi à se sauver, se dirigeant en hâte vers Civitot, par le même chemin qu’ils avaient suivi en arrivant et se défendant à peine de leurs ennemis. Ceux-ci, tout joyeux de cette heu-