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histoire des croisades ; liv. i.

pousser plus avant. Lorsqu’ils eurent reconnu que leurs flèches, quoique lancées en nombre infini, ne pouvaient détourner les Allemands de leur nouveau mode de défense, les Turcs transportèrent toutes sortes de bois devant la porte du château ; ils y mirent le feu, la porte fut brûlée ainsi que plusieurs des édifices intérieurs, et enfin cet incendie se répandant de tous côtés, quelques-uns des assiégés furent brûlés et les autres sautèrent du haut des murailles pour se sauver. Mais les Turcs qui étaient en dehors s'élancèrent sur les fuyards et les firent périr par le glaive ; ils prirent et emmenèrent captifs environ deux cents jeunes gens, beaux de corps et de visage : tout le reste périt par le glaive ou à coups de flèches.

Après avoir pris cette terrible vengeance, Soliman repartit avec les siens et les Allemands ses prisonniers, et la nouvelle de ce cruel massacre arriva bientôt au camp de Pierre. La mort de leurs compagnons excita chez les pélerins un vif sentiment de douleur, et tous les cœurs furent frappés de consternation. Affligés de ces malheurs, ils délibéraient souvent entre eux s’ils se lèveraient pour aller sans retard venger leurs frères, ou s’ils attendraient le retour de Pierre. En effet, quelques jours auparavant Pierre s’était rendu à Constantinople auprès de l’empereur pour demander, en faveur de son armée, une diminution sur le prix des objets de première nécessité. Tandis que les pélerins tenaient conseil entre eux, Gautier Sans-Avoir refusa absolument de marcher à la vengeance avant que l’événement fût mieux connu, et jusqu’à l’arrivée de Pierre dont les avis devaient être suivis en toutes choses. Cette réponse de Gautier calma le peuple pen-