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albert d'aix.

désastres en présence des citoyens grecs rassemblés, il reçut, au nom de Jésus et pour l’amour de Dieu, beaucoup de présens en byzantins, en argent, en chevaux et en mulets, et tous les habitans furent remplis de sentimens de compassion. A la troisième aurore, il repartit plein de joie et d’hilarité, abondamment pourvu de toutes les choses nécessaires, et arriva à Andrinople. Il n’y demeura que deux jours, qu’il passa en dehors de la ville, et il repartit le troisième jour. Un nouveau message de l’empereur était venu l’inviter a hâter sa marche vers Constantinople ; car l’empereur brûlait du désir de voir ce même Pierre dont il avait tant entendu parler. Lorsqu’il arriva dans cette ville, son armée reçut l’ordre de camper loin des murailles, et on lui donna entière faculté d’acheter tout ce qui lui serait nécessaire.

Pierre, petit de taille, mais grand de cœur et de parole, suivi seulement de Foucher, fut conduit par les députés en présence de l’empereur, désireux de voir s’il était tel en effet que la renommée le publiait. Se présentant avec assurance devant l’empereur, Pierre le salua au nom du Seigneur Jésus-Christ ; il lui raconta en détail comment il avait quitté sa patrie, pour l’amour et par la grâce du Christ lui-même, pour aller visiter son saint sépulcre ; il rappela brièvement les traverses qu’il avait déjà essuyées ; il annonça que des hommes très-puissans, de très-nobles comtes et ducs marcheraient incessamment sur ses traces, enflammés du plus ardent désir d’entreprendre le voyage de Jérusalem et d’aller aussi, visiter le saint sépulcre. L’empereur, après avoir vu Pierre et appris de sa bouche même les vœux de son cœur, lui demanda ce qu’il