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histoire des croisades ; liv. i.

on le déposa dans le trésor du duc ; le reste des dépouilles fut partagé entre les chevaliers. Les Bulgares tuèrent un grand nombre d’hommes ; ils emmenèrent les enfans avec leurs mères, et les femmes mariées ou non mariées dont le nombre est inconnu. Pierre et tous ceux des siens qui purent s’échapper se dispersèrent dans les vastes et sombres forêts, les uns à travers les précipices des montagnes, d’autres à travers les lieux inhabités, tous fuyant en hâte, comme les moutons fuient devant les loups. Enfin Pierre, Renaud de Bréis, Gautier, fils de Galeran de Breteuil, Godefroi Burel et Foucher d’Orléans se réunirent par hasard sur le sommet d’une montagne avec cinq cents hommes seulement, et il sembla d’abord que c’était tout ce qui restait d’une armée de quarante mille hommes. Cependant Pierre, voyant à quel point cette armée se trouvait réduite, et livré a de douloureuses méditations, poussait de profonds soupirs, s’affligeait de voir ses légions détruites, tant de milliers d’hommes perdus, tandis que les Bulgares n’en avaient pas un seul à regretter, et ne pouvait croire que, parmi ces quarante mille hommes dispersés et fugitifs, aucun n’eût survécu à ce désastre. D’après son avis et ses intentions, ceux qui s’étaient arrêtés avec lui sur le sommet de la montagne se mirent à faire des signaux et à sonner de leurs cors, afin que les pèlerins dispersés de tous côtés dans les montagnes, les forêts ou les lieux déserts, pussent entendre les cris de Pierre et des siens, et venir se réunir à eux pour continuer leur route. Le jour n’était pas encore terminé et déjà sept mille hommes, ayant entendu les signaux, étaient venus se rallier. Après qu’ils se furent ras-