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albert d'aix.

qui ignorait entièrement tout ce qui se passait ; il le lui raconta en détail, et lui dit que tous ces maux, toutes ces douleurs, provenaient des Allemands qui avaient incendié les moulins. Pierre, marchant un mille en avant, n’avait reçu aucun autre avis ; troublé en entendant ce récit, il convoqua aussitôt les hommes les plus sages et les plus raisonnables de l’armée, et leur dit :

« Nous sommes menacés d’un affreux malheur, à la suite des fureurs insensées des Teutons. Un grand nombre des nôtres, et ces Allemands eux-mêmes sont tombés sous les flèches et sous le glaive des satellites du duc Nicétas, en punition d’un incendie que j’ignorais tout-à-fait. Ceux-ci ont retenu tous nos chariots, nos richesses et nos troupeaux. Il me semble qu’il n’y a rien de mieux à faire que de retourner auprès du duc et de conclure la paix avec lui, puisque les nôtres se sont conduits injustement à son égard, au moment où ses concitoyens nous avaient fourni en toute tranquillité les choses dont nous avions besoin. » À ces paroles et sur cette déclaration de Pierre toute l’armée retourna vers la ville de Nissa et dressa de nouveau ses tentes dans le pré où elle avait campé, afin que Pierre allât présenter ses excuses et celles de tous ses compagnons qui avaient marché en avant, et qu’après avoir apaisé le duc il obtînt la restitution de ses prisonniers et de ses chariots. Mais tandis qu’il s’occupait, avec les hommes les plus sages, à assurer l’accomplissement de ses projets et se préparait à proposer ses excuses dans un langage mesuré, mille jeunes gens insensés, remplis d’une excessive légèreté et d’obstination, race in-