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histoire des croisades ; liv. i.

clarant que Pierre et tous ceux qui le suivaient n’étaient que de faux Chrétiens, des voleurs et non des hommes de paix, puisqu’après avoir tué à Belgrade les Pincenaires du duc, et, à Malaville, un si grand nombre de Hongrois, ils avaient encore osé incendier des bâtimens, oubliant la reconnaissance qu’ils auraient dû avoir pour les bienfaits dont on les comblait.

Le duc, en entendant les plaintes des siens et en apprenant l’affront qu’ils avaient reçu, donna l’ordre que tous eussent à prendre les armes, aussi bien que la cavalerie qu’il avait assemblée a Nissa, lorsqu’il sut l’attaque et la prise de Malaville, afin de se mettre sans retard a la poursuite des pélerins, et de leur rendre tous les maux qu’ils avaient faits. Après avoir entendu les paroles du duc de Bulgarie, les Comans, un grand nombre de Hongrois et les Pincenaires qui s’étaient réunis pour la défense de la ville, à condition de recevoir une solde, saisirent leurs arcs de corne et d’os, se couvrirent de leurs cuirasses ; et, dressant leurs bannières sur leurs lances, ils se mirent à la poursuite de Pierre qui marchait en toute sécurité avec son armée. Les traînards, ceux qui se trouvaient sur les derrières furent tués et transpercés sans aucun ménagement ; on arrêta les chars et les chariots qui s’avançaient lentement ; les femmes, les jeunes filles, les jeunes garçons furent emmenés : exilés et captifs encore aujourd’hui sur les terres de la Bulgarie, ils se virent enlevés avec tous leurs bagages et les troupeaux qui les suivaient. Au milieu de ce désordre et du massacre inattendu des pélerins, un certain Lambert, poussant rapidement son cheval, alla rejoindre Pierre