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les drames du nouveau-monde



bord opposé à ses adversaires, et, de la main, il ramait pour activer la course du bateau.

Outre le courage, le Huron possédait au plus haut degré cet instinct de prudence indienne qui ne néglige rien. Sachant que l’écorce de sa barque était beaucoup trop mince pour résister au choc d’une balle, il s’était muni d’une sorte de blindage rustique qui devait la rendre invulnérable.

Une grosse branche toute vermoulue et légère comme du liège était attachée au canot ; rangée le long du plat-bord, non-seulement elle le garantissait contre tout projectile, mais encore elle protégeait le guerrier dont elle couvrait tout le corps.

Les pieds seuls, et le bras occupé à ramer, auraient pu être atteints : aussi, de temps à autre, après avoir donné une vigoureuse impulsion, Oonomoo se rapetissait dans l’intérieur de l’esquif et cachait son bras.

Puis, lorsque l’ennemi eût fait feu, il se remit à ramer.

Les balles sifflèrent, firent voler la surface du blindage protecteur où elle restèrent enfoncées ; une seule écornifla les deux bords du bateau et,