CHAPITRE II
OÙ LE LECTEUR ASSISTE À UNE ÉTRANGE TRANSFORMATION DE NOTRE HÉROS.
Après avoir solidement amarré la balancelle à l’un des nombreux anneaux de fer scellés dans la muraille du quai, le patron Galeano sauta à terre et rejoignit don Carlos, soigneusement enveloppé dans son manteau et l’attendant près de l’octroi.
— Me voici tout à vos ordres, dit le patron ; où allez-vous ?
— Je ne suis pas venu à Cadix depuis quelques années, répondit le jeune homme, de sorte que je ne sais trop si je réussirai, à cette heure de nuit, à me reconnaître dans l’inextricable dédale de toutes ses rues étroites vous connaissez sans doute la ville, vous, patron ?
— Moi ! fit-il en riant, je le crois bien ! je suis un enfant de Cadix ! j’y ai été élevé : plusieurs de mes parents l’habitent encore.
— Décidément, vous êtes un homme précieux, patron Galeano s’écria en riant le jeune marin.
— Merci ; où voulez-vous vous rendre ?
— J’ai affaire calle San-Fernando.
— Je vois cela d’ici ; nous n’en sommes qu’à deux pas ; c’est le barrio (quartier) de la finance ;