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C’est égal, ajouta-t-elle en le menaçant de son doigt mignon, je ne vous soupçonnais pas d’être un si profond diplomate.

Don Diego sourit avec une indicible bonté.

— Est-ce que ma mère était de votre complot tacite ? reprit la jeune fille avec un sourire mutin.

— je n’ai, tu le sais bien, jamais eu de secrets pour ta mère.

— Je m’en doutais ! s’écria-t-elle en riant de tout son cœur : mon père et ma mère me trahissaient.

— Au profit de ton amour : plains-toi donc !

— Moi ? tatita, je ne vous aimerai jamais assez tous deux pour tout le bonheur que vous me donnez !

Et elle se jeta éperdument à son cou.

— Allons, embrassez-vous, mes enfants, vous êtes fiancés dit-il avec bonhomie.

Les jeunes gens ne se firent pas répéter la permission.

Ils s’embrassèrent avec cette folle ardeur des amoureux véritablement épris.

— Bien ! aimez-vous toujours ainsi, mes enfants, fit don Diego avec une douce émotion. Ah ! Dolorès, quel malheur que ta mère ne soit pas là combien elle serait heureuse !

— Oh ! mais je vais tout lui dire, et cela à l’instant même, tatita !

Elle s’élançait ; son père la retint.

— Attends, dit-il ; voici Fernan Nuñez qui nous vient prévenir que le déjeuner est servi.

— Déjà onze heures ! s’écria étourdiment la jeune fille.

— Comme le temps passe vite quand on est heureux ! murmura Olivier tout à la joie de son amour.