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large plaine nommée l’Almendral, qui en forme le plus beau et le plus riche quartier.

En effet, c’est à l’Almendral que les grands négociants ont tous leurs maisons d’habitation ; charmantes demeures, bâties au milieu de magnifiques jardins, et des fenêtres desquelles on a sous les yeux le splendide panorama de la rade.

À cette époque, un énorme rocher, que l’on a fait sauter depuis, et auquel on avait donné le nom caractéristique de cap Horn, s’avançait assez loin dans la mer et servait, grâce à un étroit sentier ménagé sur la plage et envahi par l’eau à la haute mer, de point de jonction et de communication plus rapide entre la haute et la basse ville ; ce sentier n’était pas sans danger.

Les quartiers de la haute ville éparpillent leurs maisons dans le désordre le plus pittoresque sur les flancs, les sentes et les sommets de trois hautes montagnes, séparées entre elles par de profondes barancas, ce qui, de loin, donne à la ville une assez grande ressemblance avec un vaisseau à l’ancre dont on n’apercevrait que la mâture.

Les matelots anglais, frappés sans doute de cette singulière ressemblance, ont donné à ces montagnes les noms de Fore top sail, Men top sail et Mizen top sail, c’est-à-dire le petit hunier, le grand hunier et le perroquet de fougue.

Par élision, les matelots de toutes les nations et les habitants de Valparaiso eux-mêmes les nomment Mentop, Fortop et Mizentop, appellations étranges, bizarres, incompréhensibles pour d’autres que pour des marins, et par lesquelles notre grand conteur Alexandre Dumas a été si compléte-