Page:Aimard - Par mer et par terre : le corsaire.djvu/323

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

légalement contre votre assassin est impossible : il n’y a encore dans ce pays, libre à peine depuis quelques mois, rien de constitué, ni police, ni lois, ni tribunaux ; il faut agir de ruse, contraindre ce misérable à se dénoncer lui-même, en le frappant de terreur ; procéder enfin comme le faisaient jadis les flibustiers de l’île de la Tortue, et le font aujourd’hui les frères de la côte dans l’Inde, tout en nous ménageant le concours des autorités de la ville. Laissez-moi agir à ma guise ; j’ai mon plan, il réussira ; je vous réponds du succès. On vous croit morts tous deux ; l’assassin s’endort dans une trompeuse sécurité, partez cette nuit même pour Maule, et montez, sans être vus, à bord de mon navire ; je me charge du reste. Si ce n’est pas pour vous, que ce soit du moins pour votre femme et votre chère enfant, dont les intérêts doivent être sauvegardés. Il est important de ne pas donner l’éveil à l’assassin, il sera frappé comme par un coup de foudre !

Il y eut ensuite une intime et charmante causerie entre ces quatre personnes, dont l’amitié était si profonde et si sincère ; puis, après avoir vu ses amis monter à cheval et prendre la route de Maule, Olivier rentra à Talca, emportant avec lui le portefeuille.

Le lendemain, le capitaine se présenta au palais du gouverneur ; il eut avec le colonel Obregoso un entretien qui se prolongea pendant plusieurs heures ; cet entretien fut suivi de plusieurs autres ; enfin, quelques jours plus tard, le colonel Obregoso dit à Olivier :

– J’ai reçu une réponse du président de la ré-