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tous les côtés. Don Estremo se débarrassa à grand’peine de Fernan Nuñez cramponné après ses vêtements, sauta par une fenêtre et disparut.

Cependant, après avoir fait quelques pas, il eut l’audace de revenir s’embusquer près de la fenêtre et d’écouter ce qui se disait dans la chambre.

Beaucoup de gens remplissaient la pièce, ils criaient et se lamentaient ; au milieu de toutes ces exclamations, le mot mort ! revenait sans cesse.

— Allons ! se dit don Estremo, j’ai réussi, malgré tout. Dieu soit loué ces hommes sont morts ; nul ne m’a vu, mon secret est à moi ! Quoi qu’il advienne maintenant, je suis positivement propriétaire des mines du Cerro de Pasco !

Là-dessus, il se retira en se frottant les mains et rentra dans son rancho, où il s’endormit profondément.

Il ne s’éveilla que très-tard dans la matinée.

Son premier soin fut d’aller rôder aux environs de la chacra, où tout était morne et triste ; il n’osa pas trop interroger, de peur d’éveiller les soupçons ; il rentra dans le rancho, où il demeura enfermé pendant tout le jour, plongé dans cette espèce d’hébétement qui suit les grands crimes : phénomène moral qui se produit souvent après une longue et excessive tension d’esprit sur un seul but.

Le lendemain, il se fit un grand mouvement à la chacra ; toutes les fenêtres étaient ouvertes ; les propriétaires des environs arrivaient en foule au galop de leurs chevaux ; la cérémonie funèbre de l’enterrement des victimes de don Estremo se