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avaient été étendus dans le faux-pont, puis, quelques heures plus tard, il y avait eu un grand remue-ménage à bord ; on avait entendu des coups de canon, puis les panneaux avaient été cloués ; tout bruit avait cessé à bord, et les malheureux prisonniers étaient demeurés abandonnés, en proie à la plus horrible anxiété et sans avoir même la faculté de se communiquer leurs craintes ou leurs espérances.

Quand ils avaient entendu déclouer les panneaux, ils s’étaient sentis saisis de peur, supposant que leurs bourreaux, mettant leurs menaces à exécution, venaient les massacrer.

La situation des dames surtout était affreuse : par quelques mots échappés aux pirates, et les regards que ces misérables jetaient sur elles, les infortunées se voyaient destinées à devenir la proie des bandits, et ainsi menacées d’un supplice cent fois plus affreux que la mort.

En ce moment un signal apparut à la pomme du grand mât du Hasard.

— Faites mettre sur le mât, dit M. Mauclère au capitaine Jeansens, mon capitaine se propose de venir à votre bord.

Le capitaine fit aussitôt carguer la grand’voile, brasser le grand hunier au vent en mettant la barre dessous et carguant la misaine.

Cette manœuvre exécutée, on attendit ; bientôt on vit une baleinière se détacher du brick-goëlette et se diriger vers le trois-mâts.

Le capitaine Jeansens se hâta de donner les ordres nécessaires pour que le commandant du corsaire fût reçu à bord avec tous les honneurs dus à son grade.