Lorsque la goëlette fut enfin venue à portée de voix, elle lofa légèrement, et hissa le pavillon anglais en l’appuyant d’un coup de canon tiré à poudre, du côté du large.
Olivier fit signe au chef de timonerie de hisser à la corne un pavillon espagnol préparé à l’avance.
La distance diminuait rapidement entre les deux navires.
Un homme parut sur l’arrière de la goëlette, et, portant à ses lèvres un porte-voix qu’il tenait à la main, il cria d’une voix rauque :
— Oh ! du navire, oh ?
— Holà ? répondit aussitôt le capitaine.
— Quel est ce navire ? reprit l’inconnu.
— Le Hasard.
— D’où vient-il ?
— De Cadix.
— Quel est le nom du capitaine ?
— Don Carlos del Castillo.
— De quoi est rempli ce navire ? Où va-t-il ?
— Il est chargé d’oranges et de vins ! il se rend à Southampton. Et la goëlette ?
— Je n’entends pas, dit l’inconnu d’une voix railleuse ; mettez une embarcation à la mer, avec le capitaine dedans.
— Vous dites ? répondit Olivier d’un ton goguenard.
— Je vous dis d’envoyer une embarcation à bord, avec le capitaine dedans !
— Hein ? faites attention, vous allez engager votre beaupré dans mes sous-gardes.
– Il n’y a pas de danger, reprit l’inconnu de plus en plus railleur.