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Quant au docteur Leganez, jamais il ne voulut me faire connaître pour quels motifs et comment il avait quitté le Pérou, où sa position était en réalité magnifique, pour venir s’établir aux États-Unis, dans une ville comme Boston, où ses bénéfices étaient assez médiocres, en comparaison de ceux qu’il avait délaissés ; sur le reste, il me donna, avec la plus entière franchise, tous les renseignements qu’il possédait sur ma naissance, renseignements complétés par M. Lugox, qui, par M. Hébrard le banquier, avait appris toute mon histoire dans ses moindres détails ; peut-être dans le but de se venger de sa femme, ne fit-il plus tard aucune difficulté de m’instruire de tout ce que j’ignorais et que j’avais tant d’intérêt à connaître, et compléta sa révélation en me nommant mon père et ma mère.

M. Lugox ne se faisait pas d’illusions : il savait que jamais il ne reverrait la France, où son retour causerait tant d’ennuis de toutes sortes à sa femme et à M. Hébrard. Il avait bravement pris son parti de cet exil tacitement résolu contre lui ; il s’était arrangé en conséquence en se créant Une nouvelle famille, préférable, sous tous les rapports, à la première ; il avait femme et enfants sans mariage à la vérité, mais cette formalité ne lui importait guère. La maison était fort agréable j’y passais la plus grande partie de mes journées.

M. Lugox m’avait fait ses confidences et avait exigé les miennes ; le récit de mes aventures l’avait fort intéressé ; mon goût pour la marine lui plaisait ; il m’encouragea à persévérer dans cette voie, la seule qui m’offrît véritablement de