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les Indiens n’avaient plus donné signe de vie. Les Américains supposaient ne plus avoir rien à redouter de leurs ennemis, et leur avoir inspiré une salutaire terreur par la façon barbare dont ils avaient traité quelques pauvres diables d’Indiens tombés malheureusement entre leurs mains.

On était à l’époque de la récolte des céréales, d’immenses meules de paille et de foin étaient disséminées dans les prairies ; le squatter avait bâti des bâtiments considérables, et comme il s’était établi en plein territoire indien, et très-loin des autres concessions, il avait élevé, au milieu de son défrichement, une espèce de citadelle construite en troncs d’arbres, où il se retirait avec sa famille et ses serviteurs les plus dévoués, à la moindre alarme.

Mais toutes ces précautions furent en pure perte : par une nuit sans lune, deux mille guerriers enveloppèrent le défrichement ; tous les bestiaux, et ils étaient nombreux, furent enlevés d’un seul coup, les bâtiments incendiés, et les blancs, surpris dans leur sommeil, implacablement massacrés et scalpés ; puis on mit le feu à toutes les meules et aux énormes amas de bois préparés pour construire d’autres bâtiments.

Le squatter s’était réfugié dans sa citadelle avec sa famille, les enfants des colons et quelques malheureux serviteurs échappés par miracle à la première attaque.

La lutte fut longue, terrible, acharnée ; les blancs se défendaient avec l’énergie du désespoir de gens qui savent n’avoir pas de merci à attendre.

Pendant sept jours et sept nuits, le combat se