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dant les quinze jours que le capitaine du Hasard avait passés à Santiago de Chile.

Les réparations avaient rondement marché à bord, si bien qu’à son retour, Olivier reconnut avec joie qu’il ne restait presque plus rien à faire, et que dans cinq ou six jours au plus tard il serait en état, si cela était nécessaire, de reprendre la mer dans d’excellentes conditions.

Après avoir chaudement félicité Ivon Lebris d’avoir aussi bien employé son temps pendant son absence, Olivier convoqua les officiers et les sous-officiers du navire dans la chambre du conseil, et, sans préambule, il leur apprit ce qui se passait et ce que l’on attendait de lui et d’eux.

Puis il ajouta :

— Messieurs, nous nous sommes trop longtemps abrités sous l’inviolabilité du pavillon Colombien pour capturer les bâtiments espagnols et faire notre fortune, sans être accusés de piraterie, pour ne pas avoir contracté envers le pays qui nous a accordé sa protection des devoirs d’honneur et de reconnaissance ! Aujourd’hui la Colombie fait appel à notre courage : lui refuserons-nous le concours qu’elle nous demande ? Ce serait de notre part non-seulement de l’ingratitude, mais bien plus, une insigne folie ! Le pavillon qui jusqu’à ce jour nous a couverts nous serait immédiatement retiré. Que deviendrions-nous ? D’ailleurs l’expédition à laquelle nous sommes appelés à prendre part nous sera fructueuse : les Espagnols ont accumulé d’immenses richesses au Callao ! une grande part de ces richesses nous reviendra… Donc nous ferons à la fois notre devoir et une bonne affaire en combattant sous les