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homme avait déserté à Valparaiso ; s’était embarqué sur un corsaire colombien, puis, après avoir touché de fort belles parts de prises, il s’était définitivement établi à Santiago de Chile, où il avait fondé un hôtel, en tout semblable à l’hôtel de la Croix-de-Malte à Toulon.

L’idée de Pierre Danis était bonne ; l’ex-cuisinier déserteur était un homme essentiellement pratique, il connaissait son monde ; aussi était-il en train de faire une grande et rapide fortune ; tous les voyageurs affluaient chez lui et s’y donnaient rendez-vous.

Après avoir changé de costume et s’être mis en uniforme, Olivier se hâta de remettre ses dépêches, tout en essayant de se renseigner sur les événements qui avaient eu lieu sur les côtes du Pacifique pendant son long voyage en Europe.

Les nouvelles étaient graves.

Les Espagnols, chassés de tout le littoral du Pacifique, n’y possédaient plus qu’un seul point, où ils s’étaient fortifiés d’une façon formidable.

Ce point était le port du Callao.

Retranchés au Callao, malgré la décisive bataille d’Ayacucho, qui avait assuré l’indépendance du Pérou, les Espagnols cependant étaient maîtres de tout le commerce de la nouvelle république, qu’ils arrêtaient leur gré ; rançonnant outrageusement les bâtiments de commerce qui se hasardaient à mouiller sur rade, et leur faisant payer un prix exorbitant l’autorisation de trafiquer avec les Péruviens, non-seulement au Callao, mais encore sur tous les autres ports de la nouvelle république.

Il est vrai que, si les Espagnols étaient les