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droit à la tombe devant laquelle le jeune homme était encore agenouillé, et, lui frappant doucement sur l’épaule :

— Venez, Olivier, lui dit-il d’une voix douce ; il est temps de vous retirer : voici la nuit, les gardiens vont fermer les portes. Doña Dolorès, votre femme, est inquiète de cette longue absence.

Olivier tressaillit ; il se releva et, se penchant sur la tombe :

— Adieu pour toujours, murmura-t-il. Puisse Dieu pardonner tes fautes à ton repentir, et aux souffrances de ton effroyable agonie ! Quant à moi, ajouta-t-il, si bas que Dieu seul l’entendit, je ne le pourrai jamais !

Ils firent quelques pas en silence.

— Bien, mon ami, s’écria enfin M. Maraval en lui serrant la main, vous avez oublié votre haine, et vous avez pardonné devant cette tombe !

Olivier hocha la tête avec mélancolie.

— Vous vous méprenez, mon ami, répondit-il d’une voix brisée par une émotion contenue : je suis peut-être le seul homme qui n’ait pas le droit de pardonner à cette femme ; je ne pouvais qu’intercéder pour elle près de Dieu, son seul juge ; c’est ce que j’ai fait, avec toute mon âme, avec tout mon cœur.

M. Maraval baissa la tête.

— Je savais que cela serait ainsi murmura-t-il à part lui ; ceux de sa race sont implacables, ils ne connaissent pas le mot : Pardon !

Ils quittèrent le cimetière et donnèrent quelque monnaie aux gardiens, qui fermèrent les portes derrière eux.

Sans qu’un mot fût prononcé entre eux, ils ren-