Page:Aimard - Par mer et par terre : le batard.djvu/44

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

feu brûlait dans une vaste cheminée ; sur les tables, les guéridons, les consoles, des fioles et des flacons de toutes sortes étaient épars ; une lampe, couverte d’un abat-jour, était posée sur une table de nuit, placée au chevet d’un lit, dont les épais rideaux de brocard étaient ouverts.

Sur ce lit gisait, les yeux fermés, une femme pâle comme un suaire, dont la beauté avait dû être remarquable, mais dont la douleur, les ravages des passions et la maladie avaient presque effacé toutes les traces.

En entendant le bruit léger de la porte, elle ouvrit les yeux, et, fixant un regard anxieux sur le comte de Villa-Hermosa :

— L’avez-vous enfin découvert, mon cousin ? demanda-t-elle d’une voix faible comme un souffle.

— Oui, ma cousine, répondit le comte.

— Et il a consenti à vous suivre ? reprit-elle avec un léger tremblement dans la voix.

— Le voici, ma cousine, répondit le comte en étendant le bras vers Olivier, toujours enveloppé dans son manteau, immobile comme une statue au milieu de la chambre.

— Je vous remercie, mon cousin, dit-elle avec un tressaillement nerveux, qui secoua tout son corps sous les couvertures ; laissez-moi un instant seule avec lui, je vous prie.

— J’attendrai derrière cette porte, prêt à vous venir en aide au premier appel.

Un sourire mélancolique erra sur les lèvres décolorées de la malade.

— Je n’ai rien à redouter de personne dans l’état où je suis, dit-elle avec une tristesse résignée, et de lui moins que de tout autre.