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sous les voûtes cyclopéennes de Peña-Serrada, que de s’obstiner à végéter au milieu des vivants, dont il ne comprenait plus les joies et par lesquels il avait été toujours trahi et abreuvé d’outrages ; chaque jour sa tristesse se faisait plus grande, ses pensées plus désolées, et il se disait avec découragement :

— Où vais-je ? À quoi bon m’obstiner à vivre ? À quoi tendraient mes efforts ? je ne puis plus avoir de but !

Ainsi se passaient les jours pour Olivier dans cette antique forteresse, chaque heure devenant plus triste et plus lourde, sans qu’il eût le courage de réagir contre cette désespérance toujours croissante.

Trois mois s’écoulèrent ainsi.

Un soir, debout sur une des plates-formes des tours du château, il laissait au loin se perdre son regard dans les brumes des premières ombres de la nuit, lorsque son oreille fut frappée tout à coup d’un grand bruit de grelots mêlé aux cris des arrieros excitant leurs mules.

— Quelques voyageurs traversent la montagne, murmura-t-il.

Puis il ajouta après un instant, avec un léger haussement d’épaules :

— Que m’importe ?

Il se retira sombre et pensif plus que de coutume dans ses appartements.

Mais là une grande joie l’attendait.

À peine eut-il laissé retomber derrière lui la lourde portière masquant la porte de son cabinet de travail, qu’il poussa un cri de surprise.