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ne le montrerai à personne qui puisse en abuser contre l’assassin, et que je l’anéantirai devant vous.

— Que voulez-vous en faire ?

— Un usage que vous approuverez.

— Je retiens votre parole, monseigneur.

— Je vous l’ai donnée, bientôt je la dégagerai.

Don Sylvio Carvajal salua courtoisement Olivier, aida le marquis à monter dans la voiture, s’assit en face de lui et donna l’ordre du départ.

Par l’ordre d’Olivier, le corps de la marquise fut relevé, lavé et changé de vêtements par ses caméristes, puis on le transporta dans un autre appartement ; on l’étendit sur un lit de parade, et quatre prêtres vinrent s’installer au chevet de la chère morte, qu’ils veillèrent en récitant l’office des morts.

Devant tous les domestiques réunis, Olivier ferma à clef la chambre du meurtre, défendant qu’on y pénétrât, confia la clef au concierge de l’hôtel et entra chez lui, brisé par la douleur et les émotions de cette épouvantable nuit.

Depuis longtemps le marquis de Palmarès avait vu les portes de la prison se refermer sur lui.

Olivier, accoutumé au rude métier de marin et à celui de coureur des bois, les deux métiers les plus dangereux qui soient au monde, était une âme énergique, un cœur de lion ; il avait vu les tempêtes les plus terribles, les combats les plus acharnés ; il avait marché dans le sang jusqu’aux genoux et bravé cent fois la mort en face, luttant contre les éléments, les fauves et les hommes, plus féroces et plus redoutables que les tigres et les panthères ; mais ce crime, lâchement cruel,