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avec quel acharnement je cherche les preuves de la lâche trahison de mon mari ?

— Santa ! ma sœur, que dites-vous ?

— La vérité, mon frère. J’avais lu, il y a quelque temps, dans un roman français, que lorsque les voleurs veulent dévaliser une maison et fouiller dans les meubles, ils prennent avec de la cire vierge l’empreinte des serrures, et, au moyen de ces empreintes, font fabriquer les clefs dont ils ont besoin ; le moyen me parut bon, je résolus de l’utiliser. Je me procurai de la cire vierge, je pris l’empreinte des serrures de tous les meubles de l’appartement de mon mari, même des plus mignons et des plus coquets ; je donnai ces empreintes à plusieurs serruriers de Madrid, en leur promettant un quadruple pour chaque clef : c’était cher, mais je tenais à les avoir. Les clefs m’ont été remises il y a trois semaines ; certains meubles ont des serrures intérieures à certains tiroirs, je les ai fait faire après.

— Eh bien ? dit Olivier à sa sœur.

— Ces clefs fonctionnent admirablement. Mais ce n’est pas tout : je soupçonnais certains meubles de renfermer des doubles fonds et des tiroirs secrets ; je fis venir un ouvrier habile, père de famille et très-pauvre ; vous chassiez pendant ce temps-là, mon frère. Je promis à cet ouvrier vingt-cinq quadruples pour chaque secret qu’il découvrirait dans les meubles, et qu’il m’apprendrait à ouvrir et à refermer. Mon mari est homme de précaution, mon frère ; jugez-en : ses meubles renferment dix-sept tiroirs secrets ou à double fond. Vous comprenez que l’ouvrier avait intérêt à tout découvrir ; je donnai à cet ouvrier quatre