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— Voici mon mari ! dit la marquise en se parlant à elle-même avec une secrète inquiétude. Il arrive de bien bonne heure ! Que se passe-t-il donc à la cour ? Aurait-on découvert ?…

Mais elle s’arrêta, posa un doigt sur ses lèvres, comme pour retenir les paroles que, malgré elle, elle allait prononcer ; elle eut un sourire étrange, rendit le calme à sa physionomie, et, après avoir jeté un furtif regard sur une glace de Venise, afin de s’assurer que rien sur son visage ne trahissait sa pensée intérieure, elle sortit à la rencontre de son mari.

Olivier était absent ; il chassait.

Cinq minutes plus tard, le marquis de Palmarès mit pied à terre devant le double perron de marbre.

La marquise l’attendait.

Il arrivait pâle, sombre, pensif ; bien qu’il fit les plus grands efforts pour dissimuler ce qu’il éprouvait, il était facile de reconnaître au premier coup d’œil qu’il était en proie à de tristes préoccupations.

La marquise feignit de ne rien voir ; elle accueillit son mari avec un franc et joyeux sourire.

Il annonça, dès le premier moment, qu’il venait avec l’intention de faire un long séjour au château, et, comme preuve, il ordonna de préparer son appartement.

La marquise donna aussitôt les ordres nécessaires.

Les deux époux déjeunèrent en tête-à-tête.

Les enfants déjeunaient à part ; ils assistaient au dîner seulement : cela avait été réglé ainsi, dans l’intérêt de leurs études.