Page:Aimard - Par mer et par terre : le batard.djvu/300

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Pendant ces quatorze mois, Ivon Lebris était venu faire visite à son matelot, auquel il avait apporté des lettres de M. Maraval, pour lui, pour son père et pour sa sœur.

L’ancien banquier s’était définitivement installé en France ; l’été, il habitait un magnifique château, situé en Touraine, à quelques lieues de Tours, Valenfleurs ; l’hiver, il rentrait à Paris avec sa femme, et s’installait dans un charmant hôtel, situé dans le quartier des Champs-Élysées, non loin de la rue Neuve-de-Berry ; il promettait à Olivier de faire un prochain voyage à Madrid, pour passer quelques jours avec lui, le menaçant, s’il ne venait pas auparavant le visiter soit à Paris, soit à Valenfleurs, de l’enlever et, bon gré mal gré, de le conduire en France, où il le garderait pendant au moins trois mois.

Ivon Lebris était resté un mois à Madrid, en proie à un étonnement et à un éblouissement perpétuels ; le digne Breton ne cessait pas de s’émerveiller de cette existence et de ce luxe grandioses, dont jusqu’alors il ne s’était jamais fait une idée, même lointaine ; tout ce qu’il voyait le ravissait en extase. Olivier l’avait présenté à son père, qui l’avait admirablement accueilli, puis il l’avait conduit à Balmarina, où la marquise l’avait reçu comme un vieil ami et l’avait obligé à lui tenir compagnie pendant quelques jours.

Le digne marin complétement ahuri par un changement si radical dans son existence accoutumée, n’avait cependant pas perdu son sang-froid une seule minute ; habitué comme tous les marins, à voir et à assister aux choses les plus extraordinaires, il renfermait soigneusement ses