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les unes après les autres, avec toutes leurs merveilles, devant leurs yeux éblouis et jamais rassasiés.

Ils faisaient d’assez longues stations dans certaines des villes qu’ils traversaient, telles que Naples, Rome, Mantoue, Florence, Pise, Milan et tant d’autres encore, qu’il serait puéril de nommer.

Partout ils avaient admiré des ruines et vécu dans le passé, car l’Italie n’existe plus qu’à l’état légendaire, et son peuple est bien petit auprès de celui dont il foule si insoucieusement les cendres héroïques. Les touristes reconstituaient le monde antique, évoquaient les héros de la vieille Rome ou bien les chefs demi-bandits des grandes luttes du moyen âge, et, sauf les monuments à demi ruinés, témoins de tant de chocs grandioses, ils trouvaient bien mesquin tout ce qui les entourait[1].

À leur arrivée à Rome, avant de visiter la ville éternelle, les voyageurs, suivant en cela la coutume respectueuse des catholiques de toutes les nations à leur passage dans la capitale du monde chrétien, allèrent saluer le pape Pie VII, dont le pontificat fut traversé par tant de souffrances et de malheurs, et ils lui demandèrent sa bénédiction, que dans son inépuisable bonté le pape daigna leur accorder.

Rien ne pressait nos touristes, leur temps était bien à eux ; ils en profitaient pour jouir, admirer et collectionner à grands frais des souvenirs qui,

  1. Le lecteur voudra bien se souvenir que cette histoire se passe au commencement du xixe siècle. Tout ce qui était juste alors ne l’est plus aujourd’hui, grâce à Dieu ! L’Italie, réveillée de son lourd sommeil, est libre et puissante enfin. G. A.