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par des soldats sarrasins, en même temps qu’à demi tourné vers ses compagnons, il les invite a les suivre d’un geste héroïque.

Au-dessous de ce portrait d’apparence si farouche et saisissante, sur un écusson incrusté dans la bordure du cadre et portant les armoiries précédemment décrites, ces mots sont écrits en lettres gothiques :

Don Enrique Pacheco-Tellez
rico-hombre
1085

Trois portes cachées sous de lourdes portières de velours vert s’ouvrent dans trois directions différentes ; un petate de paille de riz d’une finesse microscopique couvre tout le plancher. L’ameublement très-sévère de cette pièce appartient à l’époque de Charles-Quint ; il se compose de fauteuils à hauts dossiers armoriés, recouverts en cuir gaufré, de chaises du même style ; un piédouche en ébène supporte une magnifique pendule de la Renaissance. Sur un des côtés de la pièce est un prie-Dieu en cèdre du Liban incrusté de bois de rose, surmonté d’un grand christ byzantin rapporté de Constantinople par un des ancêtres du chef actuel de cette noble famille.

Devant la cheminée est placée une immense table de chêne massive sculptée et fouillée admirablement ; elle est encombrée de livres et de papiers de toutes sortes, et si pesante que dix hommes d’une force ordinaire ne réussiraient pas à la soulever du sol sur lequel elle repose.

Derrière la table, il y a un large fauteuil à haut dossier armorié.