Page:Aimard - Par mer et par terre : le batard.djvu/230

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Je suis don Carlos, dit Olivier ; vous avez une lettre à me remettre ?

— Oui, señor, répondit-il en saluant.

Et il présenta respectueusement la lettre.

Olivier la prit et se retira dans l’embrasure d’une fenêtre pour la lire.

Après un instant, il se rapprocha, et s’adressant au courrier :

— Je regrette qu’une foulure à la main droite m’empêche de répondre à cette lettre comme je le voudrais, dit-il, et surtout comme je le devrais ; le señor don Jose Maraval se charge de répondre pour lui et pour moi ; je suis très-souffrant ; les médecins m’ordonnent un repos absolu ; il me sera donc impossible, à mon grand regret, de quitter Cadix avant quelques jours.

Le courrier s’inclina sans répondre.

M. Maraval, après avoir cacheté la lettre qu’il achevait d’écrire, la remit au courrier, qui la serra soigneusement dans une espèce de poche de cuir, aux armes de son maître, qu’il portait en bandoulière.

— Nous ne serons pas à Madrid avant le 12 ou le 14 du mois prochain, dit le banquier ; assurez votre maître de tous nos respects ; si rien ne vous presse, vous pouvez passer la nuit ici et ne partir que demain.

— J’ai ordre de faire la plus grande diligence, señor ; mon maître m’attend avec la plus vive impatience ; d’ailleurs, je ne me sens aucunement fatigué ; si vous le permettez, je me remettrai en route dans une heure.

— S’il en est ainsi, je ne vous retiens pas ; bon voyage, mon ami.