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ses liens avaient été si rudement serrés que la circulation du sang n’était pas encore rétablie dans ses membres, et qu’il ne se tenait que très difficilement debout, prit à son tour la parole.

Du reste, la foule s’attendait à ce qu’il parlât ; c’était presque un devoir pour lui.

Le prisonnier le savait, il jugea donc convenable de s’exécuter de bonne grâce.

— Sachems, et vous, guerriers, dit-il d’une voix haute et ferme, vous m’avez rendu la liberté ; je puis donc maintenant le déclarer loyalement et sans déshonneur, je ne suis et je n’ai jamais été un espion ; en aucunes circonstances, les Piekanns ne m’ont causé ni mal ni dommage ; je ne puis donc être votre ennemi. Les hasards de la chasse m’ont conduit malgré moi, et sans que je m’en doutasse, dans le voisinage de votre atepetl d’hiver, dont j’ignorais complétement la position, ces parages m’étant assez mal connus ; vous m’avez soupçonné d’espionnage, cela devait être, les apparences étaient contre moi ; maintenant je suis votre hôte, je vous remercie de votre acte de justice. Désormais les Piekanns auront toujours en moi un ami fidèle ; chaque fois que l’occasion s’en présentera, je vous le prouverai par mes actes ; j’ai dit.

Ces paroles furent chaleureusement applaudies ; on restitua au chasseur canadien ses armes et tout ce qu’on lui avait pris ; cela fait, les deux blancs furent conduits en grande cérémonie dans le Calli-Medecine, où l’hospitalité la plus large et la plus généreuse leur fut offerte.

Ils restèrent jusqu’au soir dans le village puis ils prirent congé de leurs hôtes, avec force assu-