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des rapports amicaux avec ces farouches Indiens ; bien qu’il n’éprouvât pour eux qu’une médiocre sympathie, en somme ses relations avec cette tribu n’étaient nullement hostiles, d’autant plus que ses chefs n’ignoraient pas ses relations avec une autre tribu de leur nation, celle des Kenn’as-Castors.

Olivier savait donc de longue date que les Indiens dans le voisinage desquels il se trouvait étaient une des tribus les plus farouches, les plus cruelles et les plus belliqueuses de la grande nation des Piekanns.

Ce point éclairci, il se sentit saisi d’une inquiétude vague. Les Peaux-Rouges sont d’ordinaire très-avares de leur poudre, qu’ils achètent fort cher aux traitants ; ils n’en font un usage aussi immodéré que celui qu’ils en faisaient en ce moment que dans des circonstances graves.

Le chasseur, sans hésiter davantage, résolut de s’assurer au plus vite de ce que signifiaient ces coups de fusil, répétés à des intervalles presque égaux, et qui duraient depuis près d’une demi-heure.

Renonçant provisoirement à déjeuner, il replaça ses provisions dans sa gibecière, et, trouvant inutile de monter à cheval, il saisit ses armes et s’élança au pas gymnastique dans les fourrés.

Quelques minutes lui suffirent pour atteindre le village, dans lequel il pénétra.

Mais à sa grande surprise, il ne rencontra personne près de qui il pût se renseigner.

Tous les callis étaient déserts.

Femmes, enfants, vieillards, guerriers, toute la population était réunie sur la place du village,