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— Quel bonheur ! dit-elle en embrassant son mari, moi qui avais un si vif désir de voir Buenos-Ayres, dont on fait tant de charmants récits !

– Tu pourras l’admirer tout à ton aise, ma mignonne, viens.

Une demi-heure plus tard, les deux époux étaient à terre, logés dans le premier et le plus élégant hôtel de la ville.

Buenos-Ayres était déjà, à cette époque, le rendez-vous des étrangers, qui y affluaient de toutes parts.

C’était la perle des Amériques ; elle n’allait pas tarder à en devenir l’Athènes.

Quelques jours s’écoulèrent en visites aux autorités buenos-ayriennes et en courses à travers la ville.

Olivier s’était établi à l’Hôtel de France ; ainsi se nommait l’hôtel où il était descendu avec tous ses domestiques, c’est-à-dire les deux servantes chiliennes de doña Dolorès, Antoine Lefort, son valet de chambre, et Furet, le mousse, attaché au service de la jeune femme.

Le capitaine occupait un vaste appartement au premier étage de l’hôtel ; les fenêtres donnaient sur la rade, dont on avait tout le panorama sous les yeux.

Un matin, les deux époux déjeunaient tête à tête, lorsque tout à coup Dolorès, dont le regard s’était machinalement porté sur la mer, poussa un cri.

– Qu’est-ce que tu as mignonne ? lui demanda son mari avec un sourire narquois.

– Je ne sais ! Je me suis trompée, peut-être, dit-elle tout interdite,