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s’éloignait à grands pas, accompagné de Mayava.

Ivon Lebris le suivit avec la longue-vue, aussi longtemps que cela lui fut possible ; puis, en soupirant, il repoussa les tubes de la lorgnette les uns dans les autres, et se retira dans sa cabine, en murmurant :

— Tout cela n’est pas naturel. Il avait les yeux pleins de larmes en m’embrassant : il me cache certainement quelque chose. Que faire ?

Cependant le temps se passait ; Ivon était toujours sans nouvelles de son matelot.

Plus les jours s’écoulaient, plus son inquiétude devenait grande, plus il redoutait une catastrophe.

Cependant, six jours après le départ d’Olivier, un matin, l’officier de quart fit annoncer à Ivon Lebris, par Furet, que l’alcade de Santa-Buenaventura venait d’arriver à bord, et insistait pour lui parler.

Ivon Lebris ordonna que le digne magistrat fût aussitôt introduit.

Cet alcade était un grand et gros Indien à figure réjouie, toujours le sourire sur les lèvres, et qui, en entrant dans la cabine, commença par se confondre en interminables salutations, auxquelles Ivon Lebris eut toutes les peines du monde à couper court.

— Que désirez-vous, señor alcade ? lui demanda le Breton.

— Je suis chargé d’une mission pour vous, capitaine, répondit l’alcade en souriant.

— Une mission pour moi ? reprit Ivon avec surprise, et de quelle part, s’il vous plaît ?

— De la part du capitaine Olivero, capitaine.

— Vous l’avez vu ? s’écria-t-il vivement.