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Le jeune homme s’était endormi après avoir bu la boisson que lui avait présentée l’Indienne.

Le lendemain, l’enflure avait encore considérablement diminué ; une très-grande quantité d’esquilles furent extraites par le docteur. Ainsi que l’avait annoncé la vieille Indienne, ces esquilles étaient les dernières ; avec leur extraction, l’enflure avait complétement disparu.

Quinze jours plus tard, Olivier était entièrement guéri, il ne boitait même pas ; ainsi que le lui avait promis la vieille Indienne, il aurait pu, s’il l’eût voulu, monter à cheval ; cette cure singulière tenait du prodige : le docteur Arrault était émerveillé.

Mais, si le physique était guéri, le moral était loin de l’être : la douleur d’Olivier était aussi profonde que le premier jour. Doña Maria n’avait pu supporter la nouvelle terrible de la mort de sa fille, elle était morte quelques jours après elle.

La mère et la fille avaient été inhumées côte à côte, dans le même tombeau.

Chaque jour Olivier allait s’asseoir sur la tombe de la femme qu’il avait tant aimée, et qu’il aimait plus encore après sa perte cruelle ; ses amis étaient contraints de l’arracher presque de force d’auprès de cette tombe, où il passait la journée tout entière à parler de sa chère Dolorès et à pleurer son bonheur perdu. On le surveillait activement, pour prévenir une catastrophe et empêcher le jeune homme de succomber à son désespoir.

— Mon fils, lui dit un jour don Diego Quiros, soyez homme ; ne vous laissez pas ainsi abattre par votre incurable douleur ; songez à vos amis,