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respect, et vint froidement prendre place au milieu des principaux flibustiers.

M. d’Ogeron était un homme d’une vaste intelligence et d’un grand cœur ; il s’était imposé la mission périlleuse et presque impossible de régénérer ces hommes égarés, et de faire rentrer dans la grande famille humaine des enfants révoltés que l’impétuosité de leur caractère et leur amour ardent pour la liberté en avaient brutalement séparés ; cette mission, il l’accomplissait avec un dévouement sans égal.

Souffert plutôt qu’accepté réellement par les flibustiers, qui tous l’aimaient cependant et le respectaient, il était considéré bien plus comme un égal que comme un chef ; et, à moins de circonstances graves, il ne s’immisçait jamais dans les affaires de la flibuste ; il se contentait d’intervenir par les conseils et la persuasion auprès de ces gens exaltés, qui n’avaient jamais supporté un frein, si léger qu’il fût.

Averti par hasard de ce qui s’était passé à l’auberge de l’Ancre-Dérapée, il s’était aussitôt hâté d’accourir, non pour empêcher l’exécution de la sentence prononcée contre Boute-Feu, mais pour prévenir tout nouvel acte de violence.

La présence du gouverneur fut saluée par des acclamations générales, et chacun se hâta de lui ouvrir respectueusement passage.

Lorsque M. d’Ogeron fut assis, il se pencha vers