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moment attaquée par terre et par mer ; allez vous mettre à la tête de vos soldats, je ne violerai pas les lois de l’hospitalité en vous retenant prisonnier dans votre propre demeure ; rendez grâces à doña Elmina, c’est pour elle seule que j’agis ainsi que je le fais.

— Misérable ! s’écria don José avec rage, je me vengerai de cette trahison infâme.

Le capitaine sourit avec dédain.

— Celui qui vous a trahi, dit-il, est l’homme dont vous voulez faire votre gendre, votre ancien maître de Santo-Domingo, le boucanier renégat que ses frères avaient condamné à mourir et que le démon a sauvé, Boute-Feu enfin !

— Boute-Feu ! s’écria don José avec une ironie terrible.

— Le sang lave toutes les fautes, caballero ; remerciez-moi, je vous laisse le moyen de mourir en soldat.

Don José hésita une seconde, une larme brûlante aussitôt séchée humecta ses yeux.

— Ma fille ! s’écria-t-il.

— Quoi qu’il arrive, je vous la rendrai après la bataille ; elle et sa compagne sont sous la sauvegarde de mon honneur.

— Au revoir donc, au milieu du combat ; Dieu veuille que j’y trouve la mort.

La porte s’ouvrit subitement, les deux jeunes filles s’élancèrent :