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Un coup de canon retentit ; en même temps le pavillon de la flibuste s’éleva majestueusement dans les airs à la corne de la frégate.

Ce pavillon, le fait est constaté dans tous les ouvrages sur la flibuste, était bleu, blanc et rouge ; les bandes étaient disposées de la même façon que le sont aujourd’hui celles du pavillon national français.

Seulement, au milieu de la bande blanche le capitaine de la Taquine avait fait imprimer une tête d’ours de sable au naturel, usant du privilége que possédaient les flibustiers de mettre, si cela leur plaisait, leurs armes parlantes sur le pavillon arboré à la corne de leurs navires.

Le coup de canon n’était qu’une menace, aucun boulet ne ricocha sur l’eau mais cette menace fut parfaitement comprise par le bâtiment étranger : un large pavillon espagnol apparut immédiatement sur son arrière, et un hourra de joie, poussé par tout l’équipage de la Taquine vint, comme un glas funèbre, retentir aux oreilles de l’équipage du brick.

Cependant la chasse continuait toujours ; bientôt la Taquine vint au vent, élongea le brick, et les deux bâtiments se trouvèrent à portée de voix.

— Ho ! du navire ! cria le capitaine Ourson dans son porte-voix.

— Holà ! répondit-on aussitôt.

— Mettez en panne ou je vous coule !