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— Seul, toute résistance m’est impossible, reprit froidement l’officier, je viens protester hautement au nom de mon pays contre l’inqualifiable aggression dont nous sommes victimes ; quant à mon épée, ajouta-t-il en la tirant du fourreau et l’élevant au-dessus de sa tête…

— Arrêtez, lieutenant, lui dit le flibustier en prenant son épée et la remettant au fourreau, tandis que l’officier le laissait faire, en proie à la plus vive surprise ; vous êtes un brave soldat, si le gouvernement que vous servez en comptait beaucoup comme vous, nous ne serions, nous, peut-être pas aussi forts ; gardez votre épée, si vous la perdiez je serais contraint de vous donner la mienne, et je vous avoue que j’y tiens beaucoup.

Ces paroles furent dites avec un tel accent de bienveillante sympathie que, malgré lui, l’officier se sentit ému.

— Quels hommes êtes-vous donc, vous autres ? murmura-t-il.

— Nous sommes des hommes, répondit Ourson, avec intention ; mais retirez-vous, lieutenant il va se passer ici des choses que vous ne devez pas voir.

— Capitaine, est-ce que ce pauvre homme…, dit l’officier d’un ton suppliant en désignant l’alcade.

— Ne vous occupez pas de lui, n’intercédez pas en sa faveur, interrompit vivement Ourson ; c’est un misérable ; il est condamné.