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fond d’un porte-manteau et je n’y songeai plus.

Les paroles du capitaine et la menace d’un séjour prolongé à Saint-Christophe me remirent en mémoire la lettre de recommandation si dédaignée ; et ce fut avec un véritable mouvement de joie que je finis par la découvrir sous un amas de paperasses.

Cette lettre était adressée à monsieur le comte Henry de Châteaugrand, propriétaire à Saint-Christophe.

Je serrai ce précieux talisman dans mon porte-feuille et je me fis descendre à terre.

Mon premier soin, aussitôt débarqué, fut de louer un cheval et un guide, moyennant deux livres, ce qui était assez cher pour un voyage de deux heures à peine, et de me diriger vers la Basse-Terre, où j’arrivai à trois heures de l’après-dîner.

Pendant tout le trajet je n’échangeai pas un mot avec mon guide, ce qui lui donna une haute opinion de ma personne ; je me contentai d’admirer le paysage qui était fort beau et surtout très-accidenté.

Il faut rendre cette justice aux Anglais que, partout où ils prennent pied, ils impriment immédiatement un cachet particulier au pays, quel qu’il soit, lui donnent la vie, le mouvement et cette activité fébrile qui est le secret de leur prospérité commerciale. J’ai rarement vu de terres mieux cultivées, de routes plus soigneusement entretenues