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à son tour congé du commandant de la façon la plus affectueuse ; il le chargea de remettre au roi une lettre qu’il lui présenta, et dans laquelle il remerciait respectueusement S. M. de la grâce qu’elle lui avait faite, et de la manière dont ses ordres avaient été compris et exécutés par le commandant du Robuste.

M. de Lartigues prit alors officiellement congé du duc et de sa famille ; puis il regagna ses embarcations en compagnie du gouverneur, qui lui fit rendre strictement tous les honneurs dus à son rang.

Une heure plus tard, le Robuste mettait sous voile, et quittait la Vera-Cruz.

Le duc de la Torre n’ignorait pas qu’il devait passer trois mois au Mexique, avant qu’un navire pût le conduire à Panama.

Le duc se souciait peu d’habiter pendant ces trois mois à la Vera-Cruz, dont le climat est réputé mortel pour les étrangers.

Avant tout il écrivit au vice-roi de la nouvelle Espagne, résidant à Mexico, pour lui annoncer son débarquement à la Vera-Cruz, et la situation précaire dans laquelle il se trouvait, à cause du long laps de temps qui s’écoulerait avant son départ pour le Pérou. Il ajoutait qu’un séjour aussi prolongé dans les terres chaudes, pourrait avoir des conséquences fort graves, non-seulement pour sa santé, mais encore pour celle de Mme  de la Torre et de sa fille, dont il était accompagné. Il terminait sa lettre en priant le vice-roi de l’autoriser à établir sa résidence provisoire, dans les terres tempérées, soit à Orizaba, soit à Puebla de los Angeles.

Cette lettre écrite, fermée et cachetée de son sceau le duc de la Torre la remit à un domestique qu’il avait amené d’Espagne avec lui, et sur la fidélité duquel il pouvait compter ; il l’expédia à Mexico, puis il se mit en mesure de monter sa maison sur un pied respectable.

Quelques jours s’écoulèrent ainsi, sans qu’aucun incident ne vînt troubler la monotone tranquillité de la vie qu’il menait à la Vera-Cruz.