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auquel le fort de San Juan de Luz me répondra coup pour coup en hissant le pavillon français ; puis j’armerai mes embarcations au nombre de huit, M. le duc de la Torre me fera l’honneur de prendre place dans la mienne, avec sa famille, et à la tête de mon état-major et d’un détachement de cent vingt hommes armés, j’escorterai S. E. le vice-roi du Pérou jusques au palais du gouvernement. Là, M. le comte, vous voudrez bien me délivrer des lettres patentes constatant l’accomplissement de ma mission ; cela fait, je prendrai congé de M. le duc de la Torre, je retournerai à mon bord, et une heure plus tard j’aurai quitté la Vera-Cruz. Voilà, monsieur, de quelle manière j’entends m’acquitter de la mission que j’ai reçue ; rien ne me fera modifier mes instructions.

— Soit, M. le baron, il en sera ainsi ; mais croyez bien que si je me soumets à vos exigences, ce n’est ni par crainte, ni par impuissance ; mais seulement afin de vous prouver la haute estime du gouvernement espagnol, pour S. M. le roi Louis XIV, et le cas qu’il fait de ses mandataires, lorsque ceux-ci vous ressemblent, monsieur.

— Soyez convaincu, M. le comte, que j’apprécie comme ils le méritent, les motifs quels qu’ils soient qui dictent votre conduite ; quand il ne s’agirait que d’empêcher l’effusion du sang, je vous adresserais mes remerciements les plus sincères pour la condescendance, la fois ferme et digne, que vous me montrez.

Cet incident vidé ; il fut convenu que le gouverneur de la Vera-Cruz retournerait immédiatement à terre, et que le vaisseau le Robuste, croiserait au large pendant une heure, afin de laisser aux autorités de la ville le temps de tout préparer pour la réception du vice-roi.

M. de Lartigues sourit dédaigneusement à cette proposition, mais il accepta.

Le cérémonial arrêté fut exécuté ponctuellement ; le vaisseau salua la ville, le fort rendit aussitôt le salut ; puis les embarcations du Robuste furent amenées, elles