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avec mélancolie, qui sait si plus tard, nous ne regretterons pas ce que nous faisons aujourd’hui ?

— Je ne regrette jamais, s’écria le jeune homme avec feu, de remplir un devoir !

— Suffit, je m’entends ; brisons là, quant à présent, matelot, plus tard nous reviendrons là dessus ; Dieu veuille que mes tristes prévisions ne se réalisent pas. Hâte-toi de prévenir Pitrians, il faut que demain à cette heure-ci, nous soyons en vue de Cuba.

Les deux frères de la Côte se levèrent de table, et l’Olonnais quitta aussitôt la maison.

Vent-en-Panne le suivit un instant du regard en murmurant à part lui :

— Je devais me conduire ainsi ; qu’arrivera-t-il ? Dieu y pourvoira !

Il laissa tomber sa tête sur sa poitrine, et demeura longtemps plongé dans de profondes réflexions ; selon toute apparence, elles n’avaient rien que de fort triste.


IV

COMMENT L’OLONNAIS ET PITRIANS DÉBARQUÈRENT AU MEXIQUE, ET FIRENT LA RENCONTRE DE DON PEDRO GARCIAS

Aujourd’hui, grâce aux recherches incessantes faites par certains savants, il est prouvé de la manière la plus authentique, que Christophe Colomb ne découvrit pas l’Amérique, mais ne fit que retrouver cette terre, dont la route était perdue, depuis tout au plus une centaine d’années.

Tout porte à croire que le grand navigateur génois