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comprends-tu ? plutôt que de laisser prendre ce paquet. Ces papiers, je te le répète, renferment des secrets si terribles, que personne excepté le duc de la Torre et moi, n’en doit connaître le contenu ; es-tu prêt à me donner ta parole ?

— Je te la donne, répondit le jeune homme avec un fier regard ; ces papiers ne sortiront de mes mains, que pour passer dans celle du duc de la Torre ; ils lui seront remis intacts.

— Merci, matelot je compte sur toi ; il est bien entendu, que si le duc effrayé pour sa femme et pour sa fille, désire quitter la Vera-Cruz, je le recevrai à mon bord, où il sera traité avec tous les égards et le respect auxquels il a droit. Tu vois, enfant, que tu avais tort de le défier de moi ; si je n’ai pas satisfait plus tôt ta curiosité, j’avais pour cela des motifs dont sans doute à présent tu apprécies la gravité.

— Ne revenons plus sur ce sujet, matelot, parlons plutôt de notre départ ; J’ai hâte de quitter Saint-Domingue, maintenant que je sais qu’un danger terrible est suspendu sur la tête du duc de la Torre ; malheureusement, il s’écoulera bien du temps encore avant que tout soit prêt.

— Tu crois ? fit Vent-en-Panne avec ce sourire moitié figue moitié raisin qui lui était particulier ; va chercher ton ami, instruis-le de ce que j’attends de lui et de toi ; promenez-vous par la ville, en gens désœuvrés, dînez dans une taverne, puis à onze heures du soir rendez-vous ici, nous partirons immédiatement pour la Gonave, où nous arriverons demain au lever du soleil.

— Mais après ?…

— Après, enfant que tu es ? supposes-tu donc que depuis huit jours, je n’ai pas agi ? tout est paré, on n’attend plus que nous.

— Oh ! matelot s’écria l’Olonnais, en lui pressant la main avec force ; il n’y a que toi pour penser ainsi à tes amis.

— Ne me remercie pas, enfant, dit Vent-en-Panne