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— Puisque je vous le promets ; seulement service pour service ?

— Je ne vous comprends pas, noble capitaine ?

— J’ai surpris la ville, tout exprès pour m’emparer de certains papiers que possède votre frère ; lorsque j’ai attaqué votre maison, déjà vous étiez parti, votre frère était seul ; il nous a opposé une résistance acharnée et finalement à réussi à s’échapper.

— Ah ! tant mieux ! s’écria Chanteperdrix.

— Tant mieux en effet, foi de Vent-en-Panne ! car je ne voulais pas sa mort, je ne l’aurais tué qu’à la dernière extrémité ; or il est évident pour moi, que en vous laissant partir et demeurant seul dans la maison, votre frère avait des raisons pour agir ainsi ; raisons sérieuses, comme par exemple de mettre en sûreté ces papiers, que j’ai vainement cherchés chez lui, et qu’il est trop fin pour conserver dans une circonstance pareille, quand il vous était si facile de vous sauver en les emportant avec vous, ces papiers vous devez les avoir ; remettez-les moi donc, et je vous réitère ma promesse, non-seulement de ne pas vous tuer, mais encore de vous rendre votre liberté, avant une demi-heure.

— Je vous jure, noble capitaine, répondit Chanteperdrix en pâlissant, que…

— Ne jurez pas et exécutez-vous, dit sévèrement le flibustier, je ne fais jamais de menaces qui ne soient aussitôt exécutées ; les papiers, vous les avez, je le sais, il me les faut ou sinon ?

— Capitaine !…

— Les papiers ! pour la dernière fois je vous les demande.

Chanteperdrix devint livide, un tressaillement nerveux agita tous ses membres, il fit un pas en arrière, et portant vivement la main à sa poitrine.

— Tu ne les auras pas, chien ! s’écria-t-il, et brandissant un poignard, il en porta un coup terrible au cœur de son ennemi.