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Là était la difficulté.

— Tout doit être fini maintenant ; reprit-il après un instant ; si je retournais du côté de la maison ? ces rues sont désertes ; je ne cours pas le risque d’être attaqué ; d’ailleurs, ajouta-t-il, je suis armé ; si l’on m’y contraint, je saurai me défendre.

Il retourna alors sur ses pas, mais lentement, avec précaution ; rasant les murailles, interrogeant à chaque pas l’obscurité, la sondant du regard, afin de s’assurer qu’il n’était ni suivi, ni épié.

Il atteignit ainsi l’angle d’une rue, le tourna machinalement, et s’engagea au hasard, dans une nouvelle direction ; soudain un cri de joie lui échappa ; à cent pas à peine devant lui, se dressait la masse sombre du rempart.

— Je suis sauvé ! s’écria-t-il.

Et sans plus réfléchir, il s’élança en courant vers ce rempart, qu’un instant auparavant il désespérait presque d’atteindre. Tout à coup, il reçut un choc tellement violent qu’il trébucha, fit quelques pas à reculons, et finalement roula sur le sol ; il avait été donner à l’improviste, contre un individu, qui au moment où il passait débouchait d’une rue voisine.

Cet individu marchait la tête basse et l’air fort préoccupé ; cependant à cette rude attaque, après avoir, lui aussi, reculé en trébuchant, il avait poussé une exclamation de colère, et s’élançant sur son malencontreux agresseur, il le prit rudement à la gorge et lui appuya un genou sur la poitrine.

— Drôle ! s’écria l’inconnu en brandissant une énorme hache sur la tête du pauvre diable, rends-toi, ventre-dieu ! ou tu es mort !

— Je me rends, señor ! je me rends ; murmura l’autre d’une voix lamentable ; il avait reconnu dans l’homme dont l’arme le menaçait, un flibustier.

— Eh ! fit celui-ci avec un geste de surprise aussitôt réprimé, qui avons-nous donc-là ? voilà une voix que je connais, il me semble ? et se penchant vers lui : Que faites-