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Fleur-de-Mai était donc l’héritière sous le nom de Marie de Kergorlai, d’une fortune véritablement princière, sans contestation possible.

Le désir de s’emparer des deux cent mille livres, et peut-être plus tard de cette fortune, avait engagé le flibustier à garder le silence ; maintenant qu’il allait mourir, il se repentait, et avouait la faute qu’il avait commise.

Il remit alors les papiers à Vent-en-Panne ; une heure plus tard il mourut.

Le duc de la Torre était sur le point de s’embarquer pour la France, où il avait résolu de se retirer avec sa famille ; Vent-en-Panne alla le voir dans le but de le prier d’emmener avec lui la jeune fille, et de faire toutes les démarches nécessaires, pour que ses biens lui fussent restitués.

La conversation à laquelle doña Violenta et sa mère assistèrent, se prolongea fort longtemps et demeura secrète.

Le lendemain, l’Olonnais causait avec Fleur-de-Mai du changement prodigieux opéré si miraculeusement dans son avenir, et s’étonnait de la froideur et presque de la tristesse avec laquelle la jeune fille l’écoutait, en hochant la tête et essuyant furtivement des larmes qu’elle ne pouvait retenir, lorsque la duchesse et sa fille entrèrent.

Après les premiers compliments, brusqués avec attention :

— Je viens vous faire mes adieux, dit soudain la duchesse.

— Vos adieux ! s’écria l’Olonnais avec un tressaillement involontaire.

— Oui, mon frère, dit doucement doña Violenta, nous partirons dans deux jours.

Le jeune homme baissa les yeux en soupirant.

— Mon rêve est donc fini, murmura-t-il.

— Tous les rêves finissent, continua la jeune fille d’une voix doucement émue en faisant de visibles efforts pour retenir ses larmes ; j’ai fait un vœu que je dois accomplir, mais avant de me séparer de vous, j’ai à vous demander