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— À toi ! reprit le Chat-Tigre avec un ricanement terrible.

Et le saisissant à la gorge, il lui porta à l’improviste un coup de poignard.

Tout ceci s’était passé en moins de quelques secondes.

Le Chat-Tigre brandissant son arme sanglante, se préparait à frapper son ennemi une seconde fois, quand soudain son bras fut arrêté par un poignet de fer, tordu et disloqué avec une force extraordinaire ; il recula en chancelant comme un homme ivre et tomba sur un genou :

— Maudit ! lui dit Vent-en-Panne d’une voix stridente en se croisant les bras sur la poitrine ; maudit ! trois fois maudit, c’est ton fils que tu as tué ! misérable !

— Mon fils ! s’écria le Chat-Tigre avec horreur.

— Oui, ton fils que tu prétendais tant aimer ! c’est dans sa poitrine que tu as plongé ton poignard.

Deux cris déchirants se firent entendre, la duchesse et doña Violenta tombèrent évanouies sur le corps inanimé du jeune homme.

— Regarde, monstre, voilà ton œuvre infernale ! reprit Vent-en-Panne avec un geste terrible.

Le Chat-Tigre se releva lentement, son visage était livide, ses traits convulsés, ses yeux hagards, il s’approcha en chancelant de Vent-en-Panne, et d’une voix où il n’y avait plus rien d’humain :

— Tu dis que j’ai assassiné mon fils, Ludovic ? fit-il avec un ricanement sauvage ; eh bien ! ne devions-nous pas nous retrouver un jour ? Et puis, je n’ai été que l’instrument inconscient, c’est toi, toi seul, entends-tu, qui es l’instigateur de ce crime ; c’est toi le véritable auteur de ce meurtre horrible que je déteste !

— Misérable, oses-tu ?…

— Silence !… regarde-moi pour la dernière fois !… oui, j’aimais mon fils ! je l’aimais plus que tout… il est mort… mort par toi… je vais le rejoindre !… si je n’ai su vivre, je saurai mourir… mon fils me pardonnera !

Alors saisissant de la main gauche son poignard qu’il